La Souris Verte de Rennes

Zone de gratuité !

Prochaine zone de gratuité le samedi 19 juin entre 10h30 et 12h30 environ au marché du Blosne

jeudi 20 mai 2010 par La Souris Verte de Rennes

Ni fric, ni troc, seulement de la gratuité : vêtements, livres, objets, ... Acheter plus pour jeter toujours plus vite, c’est le moteur absurde, aberrant, ravageur du processus de marchandisation destructeur de notre monde. Découvrez les joies du circuit adverse : donner/récupérer. La zone de gratuité s’installe au cœur de la ville, se réapproprie l’espace public et fait un pied de nez à la consommation abusive ; elle propose l’offre et la récup’ de biens consommables ou non, l’échange d’idées, de réflexions et d’envies.

Depuis le 14 novembre 2009, une zone de gratuité est organisée au marché du Blosne un samedi sur deux par l’association rennaise « La Souris verte ». Le principe est simple : la zone de gratuité n’est ni une brocante ni un vide-greniers. Il s’agit d’un espace temporaire non-marchand. Vous venez avec vos livres qui attendent depuis trop longtemps qu’un autre les lise, les disques que vous n’écoutez plus ou un thermos de thé vert à partager pendant une partie de cartes et vous les laissez à qui en voudra, sans contrepartie. Mais la zone de gratuité, c’est aussi et surtout, un moment de rencontres et d’échanges où l’on interroge la question de l’argent et des valeurs marchandes.

Toute personne peut donc :

déposer ou non quelque chose,

prendre ou non quelque chose.

Il n’y a pas d’obligation d’amener quelque chose pour prendre autre chose (Ce n’est ni du troc, ni de la charité, ni un devoir de réciprocité...). Le but, à terme, est que cette zone de gratuité devienne autonome et soit auto-gérée par les habitants du quartier. Pour le moment, les zones de gratuité s’enchaînent tranquillement et connaissent un relatif succès, Les habitants partagent l’expérience avec enthousiasme et le stock se renouvelle progressivement. Les rencontres sont chaleureuses. Mêmes les médias locaux commencent à s’y intéresser !!

Combien de pull over, de vieilles chemises et d’objets en tout genre n’en finissent d’emplir nos armoires ? Tous ces vêtements et bric à brac que nous ne mettons plus, que nous n’utilisons plus et qui pourtant pourraient faire des heureux ! Les jeter ? Quelle idée quand on sait déjà combien nos poubelles débordent et toute l’énergie qu’il faut pour détruire ou transformer nos déchets ! Refermer notre armoire et notre placard en entassant toujours un peu plus, en laissant ces babioles poussiéreuses dormir confortablement pendant encore des lustres ? Oui peut être mais...c’est encore faire la part belle à ce droit de propriété galvaudé dont on aimerait se débarrasser ! Les donner ? Pourquoi pas mais... œuvre charitable bien-pensante, votre voisin acceptera t-il que vous laviez votre conscience de consommateur effréné en lui proposant vos vieilles chemises ? Querelles de palier en perspective vous abandonnez toute de suite l’idée !

Alors que faire ? C’est alors que subitement une lumière s’allume, vous venez de vous rappeler de votre dernière rencontre au marché du Blosne ! Quelques jeunes, tenant une zone de gratuité ! Une quoi ?! Oui oui, une zone de gratuité où l’on peut déposer ou prendre tout ce que l’on veut, sans aucun échange d’argent. Non content de cette réminiscence libératrice, le cœur enjoué vous irez samedi prochain emmener votre chemise. Vous savez maintenant que son avenir est assuré : la personne qui la prendra en fera peut-être l’abat-jour artisanal dont elle a toujours rêvé.

Le samedi suivant, alors que vous êtes en train d’accrocher votre chemise au porte-manteau voilà que vous tombez nez à nez avec cette batterie de casseroles qui vous faisaient cruellement défaut ! Vous n’osez pas... un manteau, un jeu d’échecs, un roman, une paire de chaussures qui vous sied à merveille sont également là à vous tendre les bras avec des yeux de merlans fris. Alors gêné-e, vous ne prenez que la petite casserole qui malheureusement compromet les invitations à déguster vos succulents mets que vous envisagiez de faire à vos amis.

En repartant bredouille, vous vous arrêtez un instant devant le panneau qui explique brièvement la philosophie de la Zone de Gratuité. Vous lisez alors : « Il n’y a pas d’échange : on ne compte pas ce que vous amenez, ni ce que vous prenez ; Vous pouvez amener des biens et ne rien prendre, vous pouvez en prendre sans rien amener. Dans la zone de gratuité il n’y a ni fric ni troc. Il n’y a que la gratuité » Face à votre air dubitatif, une personne vous glisse alors dans l’oreille : « Oui, oui, oui ! Ça peut paraître étrange. Vous étiez habitué-e à voir des prix partout, dans les magasins, dans les bars, les gares, à la radio, dans la rue sur les écriteaux, mais ici tout est gratuit ! Et entendons nous, il ne s’agit pas de cette soi-disant gratuité, destinée à vous appâter pour vous faire payer un tôt ou tard ! »

Vous esquissez un sourire, vous les connaissez bien ces « gratuitaires », ces « zoneuses de gratuité » … ces fameux « marchandophobes ». On les retrouve de temps à autres au coin d’un marché, pendant une mobilisation étudiante, dans un campement altermondialiste dans un champ en campagne ... Leur slogan : cesser d’ouvrir votre porte-monnaie à tout bout de champ, de lécher les vitrines et d’alimenter ce système marchand qui fait survivre le capitalisme ! Ils se font rares, on les dit extrémistes et utopiques...

… Donner et récupérer : pourtant leur projet ne semble pas si compliqué ! Il suffit comme eux de régulièrement s’implanter au marché ou même sur son palier, devant chez soi, sur son trottoir, ou même à son lieu de travail avec ces trois ou quatre premiers objets que vous n’utilisez plus et de répandre cette idée folle mais somme toute d’une évidente simplicité : créer quelques espaces de vie à l’abri des rapports marchands.

Alors rêveur un mot vous vient à l’esprit : Révolution ? Mmmmh… à sa manière, La zone de gratuité ne se veut pas seulement être un pansement ou un palliatif à la sauvagerie du système, ni une oeuvre de charité censée réconfortée notre « bonne » morale judéo-chrétienne paternaliste, encore moins un outil politique récupéré par autorités ou administrations sous la bannière partisane... elle est bien plus en réalité : un exemple d’auto-organisation ! S’autonomiser pour répondre à nos besoins et créer des espaces collectifs d’épanouissement.

Expérimenter, réfléchir, s’arrêter un instant, écouter, échanger... Une révolution qui vient ?

Prochaine zone de gratuité le samedi 19 juin entre 10h30 et 12h30 environ au marché du Blosne

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